Arrivant après le discours de Grenoble, puis le débat sur l'identité nationale, le débat sur la place de l'Islam en France voulu par Nicolas Sarkozy est devenu le cauchemar de l'UMP.
Les critiques ont fusé de toutes parts se répandant au sein même de l'UMP. Les représentants des six grands cultes de France ont annoncé leur réticence à ce débat. Et hier, François Fillon en personne a declaré qu'il n'y participerait pas.
Les élections cantonales ont prouvé que la stratégie de droitisation de sa majorité présidentielle pour contrer la montée du Front National est un echec électoral pour le Président de la République. Elle a au contraire renforcé l'extrème droite. Cette stratégie est surtout un fiasco moral pour la France car elle a libéré, banalisé et permis l'expression de sentiments indignes de notre démocratie et de nos traditions républicaines.
Sur cette question, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que l'insécurité, l'immigration illégale, ou l'expression publique de certaines religions inquiète une partie de nos concitoyens. Elles méritent des réponses mesurées et efficaces des pouvoirs publics. Mais ces préoccupations viennent très loin derrière les questions du chômage, du logement ou du pouvoir d'achat. En ayant fait des questions secondaires le débat principal, Nicolas Sarkozy n'a pas répondu aux attentes des Français. En instrumentalisant ces peurs et en poussant l'UMP vers une droite dure, il a déçu les modérés et radicaux de son camp qui songent à quitter la majorité présidentielle.
A présent, ce grand débat national s'est réduit, comme peau de chagrin, à une rencontre de deux heures organisée par l'UMP. Si ses dirigeants n'ont pas compris que ce projet est impopulaire et va mener à l'implosion de leur parti, et bien grand bien leur fasse de l'organiser ce débat. On autorise bien le Front National de tenir de telles réunions alors pourquoi l'interdire à l'UMP ? Enfin, il faut prendre garde à ne pas enfermer les égarés dans une forme de paranoia en donnant l'impression que ces questions sont taboues et qu'elles ne seront jamais traitées par les républicains.
Les Français ont clairement rejeté la dérive présidentielle. Il est temps d'arrêter la surchauffe autour cette réunion publique et qu'à l'instar d'un accident nucléaire, la couverture médiatique n'alimente pas la réaction jusqu'à à en perdre le contrôle...